Ce qui m’intéresse, c’est la rencontre de deux inconnus: soi et la ville. Lorsqu’ils sont dépouillés de tout préjugés, de définitions et d’attentes, cette sensation de familiarité qui brouille nos perceptions. Lorsque tout apparait pour la premiere fois, imprévu; spontanné; clair et sincère. Je ne sais pas où je me dirige, ce que je vais y trouver; ce que je vais trouver en moi. Je me tais. Je fais le silence en moi. J’écoute. La ville parle. Dans un soupir d’abord, j’ écoute avec attention. Alors elle se met à chanter. Quelque fois, elle pleure. J’enregistre en instantanés. Je suis prête mais je ne suis pas à l’ affut. Je ne recherche pas quelque chose, je suis à l’écoute de tout ce qu’elle peut m’offrir. Je sais que cela ne vient pas en cherchant. Comme rien d’ailleurs. Sincèrement, je ne peux pas prétendre connaître la ville, ni moi-même. J’enregistre une histoire. Je suis un écrivain sans intrigue. L’histoire ne viendra pas sans improvisation. Je dois me mettre de côté. Je dois laisser parler mes sensations, mon instinct. Je laisse filer mon instinct. Je me promène. A travers la ville, les cafés, les gens. Ses monuments ne m’intéressent pas, tout ce decorum. Je veux la vérité. Je veux comprendre. Par le viseur, l’obturateur, d’un mouvement d’index, j’apprends. Ce qu’elle m’apprend, ne nous appartient pas, pas plus à moi qu’à elle, la vérité n’appartient ni à un lieu où une personne, elle est partout. C’est ce qu’elle me dit. Ce que l’exil me dit. Encore et encore.